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Confession de prof : J’ai choisi de ne pas rentrer

jardin

Je suis enseignante au secondaire. Les sciences, en secondaire 3 principalement. Je dis ça, mais ça fait un bout que je n’enseigne pas. Trop d’enfants… C’est une blague (ou pas).

J’ai eu des congés maternité, trois dans les dernières années. J’ai aussi eu des congés médicaux. Trop d’anxiété pendant mes grossesses. Cette année, je ne suis ni enceinte, je ne prévois pas non plus le devenir. J’ai juste pris la décision de prolonger mon congé maternité. Ça fait partie de mes droits parentaux et j’ai décidé d’en profiter.

J’ai plusieurs BONNES raisons pour ne pas rentrer enseigner cette année, et d’autres moins bonnes, mais ça c’est une autre histoire.

Pour moi

La raison principale que je peux nommer, c’est moi. Je le dis ouvertement : je suis une personne anxieuse. Je veux prendre cette année pour me soigner.

Dans les dernières années, j’ai vécu des moments intenses. Mon anxiété m’a joué de mauvais tours. J’ai dû commencer à prendre des médicaments pour me soigner parce que je n’y arrivais plus seule. En soi, ce n’est pas grave du tout, l’important, c’est d’aller mieux.

Ceci dit, les médicaments contre l’anxiété, ça fonctionne jusqu’à un certain point. Ce n’est pas suffisant de prendre de la médication, si on ne fait rien d’autres pour s’aider. Il faut aussi prendre soin de soi et ça, ça prend du temps.

Avant de reprendre le chemin de la classe, je veux m’assurer de me sentir suffisamment forte et bien.

La profession enseignante demande d’être à son meilleur, tant pour les élèves en classe que pour les tâches connexes. Ce ne serait pas juste envers mes élèves et mes collègues d’arriver pour la rentrée en n’étant pas au meilleur de moi-même.

C’est tout simple, mais ça prend du temps.

Je pense que n’importe quelle mère devrait prendre des moments pour elle. On a tendance à s’oublier. – Geneviève Labrecque, directrice du RT21

Pour mon grand

Mon grand est anxieux. Il a aussi un diagnostic de douance (HPI).

L’an dernier, l’école mettait des choses en place pour répondre à ses besoins, mais refusait de créer un plan d’intervention mettant sur papier ces moyens pour l’aider. Je dois dire que ça m’a un peu fâchée.

Cette année, je veux avoir la disponibilité nécessaire pour m’assurer que ses besoins sont pris en compte et qu’il vive des succès, pas uniquement au plan académique, mais aussi au plan personnel et social.

C’est un objectif très important, qui va me demander beaucoup d’énergie je le sens.

Il a aussi besoin de moi en forme, pour l’aider avec son anxiété à lui. Je dois être en mesure, en tant que maman, d’être disponible pour l’aider dans ses moments plus difficiles.

Pour mes deux autres cocos

Je veux avoir la disponibilité et l’écoute pour mes deux autres enfants aussi.

J’ai l’impression qu’en enseignant cette année, je ne serais pas en mesure d’accorder l’attention nécessaire à tout le monde à la fois. Je ne veux pas avoir à faire de compromis sur la qualité du temps que j’accorde à mes enfants.

Idéalement, je prolongerais d’ailleurs mon congé sans solde jusqu’à la rentrée de mon deuxième à la maternelle. Je veux l’accompagner du mieux que je peux dans son intégration à l’école en étant disponible si nécessaire. Cet aspect me stresse déjà beaucoup. J’ai discuté de classement avec la directrice du CPE où il va et ça m’a rendue très émotive. Je sens que sa rentrée à la grande école me fera vivre beaucoup d’émotions, dans toute leur intensité.

Sabbatique

Ma famille est une des principales raisons pour lesquelles j’ai décidé de prendre congé cette année.

Pourquoi enseigner et disponibilité me semblent incompatibles?

Parce qu’une prof, ça ne fait pas du 9 à 5. Une prof ça reste tard à l’école. Ça met de l’énergie le soir et le weekend pour préparer des choses pour les élèves ou ça essaie de trouver des solutions créatives pour aider ses étudiants à réussir. Une prof ça arrête très rarement de penser aux élèves.

J’ai enseigné 1 an dans les 4 dernières années. Pendant cette année-là, mon niveau d’anxiété a atteint des paroxysmes. Avouons-le, j’aurais dû prendre de la médication à ce moment-là et je ne l’ai pas fait.

Cette année-là, à chaque fois qu’un élève avait des difficultés, je me mettais à la place de ses parents. Lorsque je rencontrais des parents ou que je leur parlais de leur enfant, je devenais très émotive. J’étais incapable de refermer la petite porte de la maison quand j’étais en classe et c’était la même chose dans la direction inverse. Mon cerveau et mon cœur étaient sollicités continuellement.

L’année suivante, j’ai dû prendre une année sabbatique pour « me relever ». Mais la vie m’a fait une belle surprise, je suis tombée enceinte de mon troisième et je suis restée à la maison une année supplémentaire.

Prendre une année sabbatique, c’est une façon d’entretenir mon jardin personnel.

Comment ça se sent un prof qui ne rentre pas?

Quand septembre arrive (même aout), je ne pense pas me tromper de beaucoup en disant que les publicités de retour à l’école ont un effet particulier sur les profs. Moi, je me sens excitée quand je vois les nouvelles couleurs de cartables et les crayons en solde.

Quand j’entre dans un magasin, si je vois la section scolaire montée, je dois passer y jeter un coup d’œil. C’est l’appel de l’école qui se fait sentir.

Plus tard, vient l’envie de sentir l’école, l’odeur des photocopies fraichement faites, les planchers cirés, les cahiers neufs. Et l’excitation de voir l’horaire et les listes d’élèves est toujours bien présente.

Les premières journées où on rencontre les élèves pour la première fois, où on fait connaissance, ont une ambiance toute particulière. Et la suite, alors qu’on partage avec eux et qu’on s’inspire ensemble.

Ce sont toutes des choses qui me manquent quand je pense à l’école.

Alors en ce moment, je me sens très nostalgique. J’ai un peu les blues.

Je suis excitée par des projets qui m’animent présentement, mais au fond de moi, quand je pense à l’école, ça me manque. Toutes les émotions que j’ai nommées plus haut me manquent.

Qu’est-ce que je vais faire cette année?

Je vais prendre soin de moi, je vais prendre soin de ma famille, je vais prendre soin de mes projets et je vais prendre soin de mes rêves. Je vais m’assurer que mes rêves, ma santé et les besoins de ma famille sont enlignés bien comme il faut pour être sûre d’être la meilleure femme, maman et prof que je peux être quand mon congé va être fini!

As-tu déjà mis ta carrière sur la glace pour relever des défis plus personnels?

Par Karine, maman, blogueuse et enseignante en congé

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