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Vendredi merci et le suicide…

Les deux ne vont pas vraiment ensemble,

mélanger la gratitude et le désespoir est
assez original, mais pour moi,
cela fait beaucoup de sens…
En ce vendredi merci, c’est la journée de prévention du suicide et je me sens interpellée. De toute façon, à moins d’avoir la tête dans le sable, ils en parlent partout. Dans les écoles, il y a même des affiches qui nous rappellent comment notre rôle d’enseignant peut faire toute une différence… C’est vrai, mais ça en fait encore une fois gros sur nos épaules.

Mais, moi ce qui m’intéresse dans le sujet, c’est la clientèle dont je fais partie, celle de parents ou proches-aidants qui vivent avec une personne malade et/ou handicapée. Savez-vous que le taux de séparation est d’environ 85 % chez les couples qui ont un enfant différent. Que contrairement à un décès, les deuils s’enchaînent et la souffrance est toujours là? Qu’on ne peut pas juste passer à autre chose? Changer de disque (ou d’enfant)? Que l’épuisement nous guête toujours, que les démarches administratives sont toujours à recommencer après quelques années? Que nous vivons avec une épée de damoclese: vivra-t-il? Comment réussira-t-il sa vie? Sera-t-il autonome? Heureux? Qui s’en occupera quand je ne serait plus là? Pourra-t-il travailler? Gagner sa vie? Fonder une famille? Arriverons -nous à toujours adapter notre horaire pour ses rendez-vous, ses thérapies, ses rencontres avec les différentes personnes qui travaillent autour de lui? Ferons-nous faillite à force de tirer le diable par la queue? Perdrons-nous notre emploi en raison de nos nombreuses absences imprévues? Comment justifier notre horaire à nos collègues, année après années? Comment garder le sourire avec tout ça? Du temps pour soi, pour son couple et les autres enfants quand c’est le cas…

C’est facile de se laisser happer par la lourdeur de la situation, de s’isoler, de s’investir corps et âme en étant convaincu que c’est la seule chose à faire, de courir d’un r.v. à l’autre, de se perdre… De s’épuiser… De se décourager et d’en venir à avoir de la difficulté à mettre un pied devant l’autre, de se lever le matin, d’avoir toujours mal au coeur, la larme à l’oeil et de se décourager. De perdre l’espoir.

Dans ces moments-là, nous avons vraiment besoin d’aide. Une aide extérieure pour ventiler, trouver des solutions et nous écouter. Une aide médicale pour reconnaître notre souffrance et peut-être même commencer une médication. Une aide de notre réseau pour soulager un peu notre quotidien, nous soutenir, nous accompagner.

Parce que dans ces moments-là, la ligne est mince entre le désespoir et le désir d’arrêter de souffrir, de mettre la swicth à Off, de se coucher en boule dans un coin et de souhaiter ne plus jamais se réveiller.
Je le sais.
Ça m’est arrivé. Oui. Même si j’aimais mes enfants et mon chum, même s’ils m’aimaient, que j’étais bien entourée, si j’avais le potentiel de raisonner avec ma tête, mon corps lui, ne suivait plus, j’étais juste plus capable… À cette époque, je ne savais pas encore que je pensais à partir, je ne souhaitais qu’arrêter de souffrir, d’être si impuissante et incapable de fonctionner.

Heureusement, j’ai eu la chance de rencontre une bonne thérapeute, d’être médicamentée, entourée d’amies avec qui j’avais un pacte, qui jouaient un rôle de filet de sécurité et que je pouvais appeler en tout temps.

J’ai eu mal, très mal. J’ai fait mal aussi à ceux que j’aimais qui m’entouraient sans me comprendre… J’ai probablement aussi été jugée. Mais le plus important, c’est que depuis, chaque jour m’éloigne de cet épisode dramatique.

Ma réalité est toujours la même, même que c’est encore plus complexe avec Fiston qui commencera un suivi au centre de réadaptation. Mais, moi, je vais mieux. Mon couple a vécu des crises, j’ai complètement changé ma façon de vivre, je suis toujours en arrêt de travail, mais le matin, j’ai le goût de me lever, d’embrasser mes enfants, la vie et d’avancer.

Écrire a aussi été très thérapeutique, j’ai rencontré d’autres parents qui ont un quotidien différent de la majorité des familles speudo-normales. J’ai découvert qu’à mon tour, je pouvais faire du bien, que ces 6 dernières années m’ont enrichie d’une expérience particulière, que je pouvais aider d’autres parents sur le chemin de la différence.

Pourquoi ce billet si intime? Pour vous encourager à ne pas sombrer, à demander de l’aide ou à en offrir si quelqu’un autour de vous est en souffrance. Parce que la vie est si fragile, mais aussi belle et forte à la fois.

Parce que je ne suis plus seule et tellement reconnaissante
d’être encore là, toute pleine de vie.

Merci vendredi pour cette réflexion
sur le suicide…

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