Photo de Sharon McCutcheon sur Unsplash
Je me suis retrouvée à être une mère que je jugeais sans connaitre quand j’étais une « non-mère ». J’ai ressenti le besoin viscéral de nommer les choses que mon enfant n’arrivait pas à nommer. Aujourd’hui, je comprends mieux ce que ces mamans cherchaient en contactant les enseignantes pour leur enfant, même au secondaire. Je comprends aussi mieux d’où elles venaient quand, en tout début d’année scolaire, elles cherchaient déjà à ouvrir la communication. Elles voulaient être entendues, que leur enfant soit entendu. Je suis maintenant une maman comme ça, je suis la voix de mon enfant.
Sonner l’alarme
Ce n’est pas pour ennuyer l’enseignante que je l’ai contactée plusieurs fois pour lui dire que mon fils était doué et qu’il avait certains besoins. C’est parce qu’à la maison, il n’agissait plus comme avant.
Des incidents
Dès la rentrée scolaire, il est revenu avec des bleus. Il se tiraillait dans la cours d’école. Ses rigidités étaient exacerbées. Puis, deux semaines à peine après la rentrée, il a commencé à dire qu’il s’ennuyait. Pourtant, ça faisait depuis le début du mois d’août qu’il me disait à quel point il avait hâte de commencer la deuxième année pour faire des maths.
Ce n’était pas normal. Ce n’était pas son genre du tout de faire des chichis pour refaire des problèmes de maths qu’il connaissait déjà sur le bout des doigts. Mais il avait tellement d’attentes. Il espérait tellement apprendre de nouvelles choses.
Comme adulte, nous sommes plusieurs à réagir quand nos attentes sont déçues. Mon fils de 7 ans, qui manque déjà d’autocontrôle, réagissait en devenant de plus en plus rigide.
Environ un mois après la rentrée, c’était dans l’autobus que ça n’allait plus. Encore du tiraillage. Puis des avertissements.
C’en était trop pour moi. L’ennui, les incidents dans la cours d’école et maintenant dans l’autobus. J’ai décidé de faire des démarches auprès de la direction. À mes yeux, il n’était pas typique de mon fils de faire fi des règles à ce point. Au contraire, il est plutôt celui qui dénonce ceux qui ne suivent pas les règles. Ce changement était inquiétant pour moi qui le connait si bien. Il fallait intervenir rapidement pour l’aider dans la gestion de ses émotions.
Devenir « cette mère »
Encore une fois, je devenais cette mère. Ouf! Une mère qui contacte la direction de l’école.
Je m’autojugeais très sévèrement. Je le « savais » ce qui se passait dans la tête de la direction face à une mère comme moi. J’avais déjà pensé comme elle. Je me trouvais trop intense. Mais je n’y pouvais rien. Mon fils avait besoin qu’on mette en place une structure similaire entre l’école et la maison. Il fallait l’aider à comprendre que les outils qu’on utilise chez-nous depuis 2 ans, pouvaient/devaient être réinvestis à l’école. Et pour ça, j’avais besoin que l’école écoute la voix de mon fils. J’étais cette voix.
Je devenais la voix de mon fils, qui pourtant est très verbal. Mais ça, ce sont des choses qu’il ne nomme pas.
Être l’expert de son enfant
Quand on devient parent, on passe des heures avec notre enfant. On est à son écoute, on apprend à le connaitre, à savoir ce qui est typique pour lui et ce qui ne l’est pas. Quand quelque chose cloche, on arrive, en quelques secondes, à le détecter parce que cet enfant, c’est le nôtre. On est, en quelque sorte, un expert de notre enfant.
Notre petite voix nous le dit quand une intervention sera nécessaire pour l’aider à apprendre. Elle nous dit aussi si des outils pourront l’aider à mieux s’accomplir. Parce que c’est notre rôle, comme parent, de le connaitre notre enfant aussi.
Les enseignants et les intervenants scolaires sont des spécialistes de l’enfance, certes. Mais ils connaissent plusieurs centaines d’enfants. Ils se basent sur une expérience avec ceux-ci. C’est certainement un atout, mais ce n’est pas toujours suffisant. Certaines spécificités ne sont pas enseignées aux enseignants. Et le parent en vient à devenir plus à même de guider les intervenants dans certains contextes.
Ça peut devenir un travail d’équipe les interventions.
Voir l’invisible
Il peut y avoir des outils déjà en place à l’école, qui permettront de mieux intervenir, mais pour le faire, il faut que le besoin soit connu. Et pour être connu, il faut que le besoin soit nommé. Et pour ça, le parent est la meilleure personne pour sonner cette alarme quand quelque chose ne va pas.
Alors j’ai nommé les besoins, les défis, que je remarquais et qui passaient sous le radar à l’école. Un enfant qui a des 100% en maths et qui est nettement au dessus de la moyenne en français, c’est un enfant qui passe facilement sous le radar. En classe, mon fils respecte les règles à la lettre, il veut plaire, il fait les exercices demandés, il s’applique pour que ce soit parfait, il ne termine donc pas vraiment avant les autres. Mais en sortant de la classe, ça change. Son ennui se transforme. Et pouf! Il arrive des incidents.
L’incident ne passe pas inaperçu, c’est la cause qui l’est. Et pour ça, la communication est la base. Je me suis donc donné cette responsabilité, en tant que spécialiste de mon enfant, nommer ce qu’il tait.
En insistant, d’abord, puis en parlant aux bonnes personnes, mon fils aura maintenant tout ce qu’il faut en place pour le soutenir. Je peux donc me retirer (juste un peu) et regarder les choses aller de loin, en donnant aux intervenants scolaires toute leur place. Nous garderons la communication ouverte, puisqu’elle est essentielle, mais je considère que les professionnels qui sont autour de mon fils sont à même de faire ce qu’il faut pour le soutenir maintenant qu’ils ont entendu sa voix.
Et vous? Êtes-vous la voix de votre enfant? Comment se passe la communication avec l’école? Avez-vous eu à faire face à des incompréhensions? Comment êtes-vous parvenu à être entendu?
Karine Guy, Atypiquement Parfaite
Collaboratrice de Mamanbooh