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Diversité corporelle: l’histoire de Blaise!

La couleur de Blaise/mamanbooh/corporelle

En quoi le sujet de la diversité corporelle est-il important pour vous ?

Vous savez comment à tous les jours, à chaque maudit jour que l’bon Dieu fait, vous voyez une image, publicité, magazine, télévision, peu importe, d’une femme superbe tout sourire ou d’un adonis sculpté à même le roc, parfaits dans toute leur glory du corps « idéal » et subtilement, on vous dit que ceci est le corps parfait, en santé pis toute pis c’est juste de même. Ou du moins juste d’être une p’tite affaire mince (pas trop mince parce que yark aussi hein!), assez mince pour que le beau linge vous fasse, qu’on vous trouve attrayant pis que vous vous trouviez un beau mari afin d’éviter la solitude et ne pas mourir seul, votre grosse carcasse pourrissant sous des boites de pizza, de bouteilles de gin et de cassettes VHS de Jane Fonda.

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Telle était ma vision, du moins comme un peu tout le monde, avec une idée que ce corps-là, ce beau mâle-là était ce que je devrais viser, pis tout faire pour y arriver. Le sujet de la diversité corporelle est devenu important pour moi le jour où j’ai aperçu diverses campagnes publicitaires qui montraient de « vrais » corps, gros, petits, minces, grands, flasques, musclés, pour me rendre compte que je n’aimais pas voir les corps différents. Mon oeil avait été tellement habitué à la perfection que ça me dérangeait de regarder d’autres types de corps dans les médias. C’est là que j’me suis dit :« Ben coudonc, j’pense que j’devrais changer ma perspective moé-là et apprendre que la « normalité » du corps est différente pour tous et chacun! »

La normalité. J’ai grandi avec cette ombre toute ma vie pourtant. Être normal, être comme les autres. Mais je me suis refusé l’ostracisation, j’ai fait mon chemin, j’ai aimé, j’ai fait une famille avec mon chum, j’ai osé faire différent que la « normalité ». Alors j’embrasse le mouvement de la diversité corporelle. Pour moi. Pour mon chum. Pour mon p’tit. Pour mes élèves à l’école. Pour qu’on évolue vers l’acceptation du confortable, du « c’est de même pis c’est ben correct », pour tous et chacun.

Quelle était votre relation avec votre corps pendant l’adolescence ?

Plus jeune, j’étais petit et relativement mince jusqu’au bel âge de douze ans, où la puberté s’est dit que «ça faisait les beaux jours d’enfance et de se sentir bien» pis m’a donné une grosse face joufflue et une paire de petits « manboobs » peu attrayants. Voici donc comment j’ai dû affronter le secondaire, avec des gilets larges pour cacher mes manboobs et mon inconfort. J’étais donc petit, gras et avec de grosses lunettes en prime, donc la risée de l’école.

Lisez l’histoire de l’investigatrice, Julie Philippon, publiée sur le Huffington Post

J’ai appris à détester les gens populaires et les sports, surtout l’éducation physique. Me changer dans un vestiaire de garçons était pour moi l’ultime punition de cette cruelle de vie. Cinq ans de secondaire n’ont pas fait grand bien dans ma vie de jeune. C’était dur. C’était difficile. Les insultes et les moqueries ont été bien présentes. Les pincements de mes manboobs ou les questions visant mon orientation sexuelle étaient monnaie courante dans les vestiaires.

Au début de votre vie de jeune adulte ?

Peu à peu, j’ai appris à absorber les cruautés, les laisser pourrir dans mon corps. J’ai appris à sourire et à faire des blagues, j’ai appris à être drôle pour me faire aimer. C’est finalement dans ma vie de jeune adulte que j’ai appris que moi aussi, je pouvais être beau, être attirant, être attrayant dans les yeux de quelqu’un d’autre. J’ai appris à répliquer aux insultes, à ne pas les accepter, à les sortir hors de moi. Mon corps a évolué plus ou moins normalement, j’ai goûté aux plaisirs du corps relativement mince, j’ai connu la liberté de porter du linge qui me plaisait, peu importe mes manboobs, peu importe mon gras de ventre.

#30couleurs citation de Blaise

J’ai grandi avec cette ombre toute ma vie (…). Mais je me suis refusé l’ostraciation, j’ai fait mon chemin, j’ai aimé, j’ai fait une famille avec mon chum, j’ai osé faire différent que la « normalité »

Maintenant ?

Maintenant j’me sens bien. C’est ça que l’âge adulte apporte au corps, du moins au mien. Juste d’être bien. D’accepter les limites de mon corps, d’accepter de se trouver beau malgré ceci, malgré cela. D’accepter qu’il y aura toujours quelque chose de pas correct sur notre corps, trop de poils, pas assez, trop de gras, trop mince, trop petit, trop grand, gros bouton ou ben orteil bizarre. J’me mets en maillot au Zoo de Granby pis j’me pogne les manboobs dans la piscine à vagues pis j’ris. Si c’est pas de l’acceptation, je sais ben pas ce que c’est.

Quelle partie de votre corps préférez-vous et pourquoi ?

Mon oreille droite. Non, je blague. La partie de mon corps que j’aime le plus est, et ce, dans la plus grande vanité possible, mon visage, particulièrement mes yeux. C’est toujours le compliment que je reçois en premier sur mon corps. Mes beaux yeux. De la petite caissière au magasin jusqu’au mécanicien viril, mes yeux bleus font toujours leur effet. Juste à demander à mon conjoint: je l’ai séduit avec mes yeux, pis je l’ai gardé chez nous avec mes talents en cuisine.

Pourquoi avoir choisi cette photo, qu’est-ce qu’elle représente pour vous ?

J’ai choisi cette photo parce qu’elle est récente et que je l’aime tout simplement.

Qu’aimeriez-vous dire à la personne de votre choix (vous ado, à un enfant, un adulte signifiant, un passant, etc.)?

En grandissant, et jusqu’à tout récemment, j’aurais aimé dire tout un char de bêtises à tous ceux qui m’ont fait subir l’horreur du bullying au secondaire. Mais finalement, si j’avais deux mots à dire à quelqu’un, ça serait à mon jeune moi. Je dirais à jeune moi d’arrêter d’être aussi critique envers lui-même. Que c’est d’abord moi le pire pour m’insulter, pis d’arrêter ça tout de suite. Que mon corps est ben correct de même. Que moi aussi, malgré mes différences et mes imperfections, je vais vivre tout ce qu’il y a à vivre, des peines d’amour jusqu’au premier baiser, aux shooters dans les bars jusqu’à l’arrivée de p’tit bébé dans ma vie. Pis c’est ben correct dans l’fond.

Blaise Durivage

Enseignant, blogueur, rédacteur

Et vous, quelle est votre histoire? 

 

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#30couleurs

Les 30 couleurs de la diversité CORPORELLE

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