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Douance et inclusion. Un match difficile.

Douance et inclusion, ce n'est pas toujours facile. Je parle ici de notre histoire familiale, mais aussi de l'importance d'être à l'écoute des besoins des enfants pour les amener vers la réussite scolaire.
Photo de couverture par Feliphe Schiarolli sur Unsplash

Récemment, le Gouvernement du Québec a annoncé des investissements de 9,4 millions de dollars pour créer des classes pour élèves doués. Plusieurs acteurs du réseau scolaire et la CSQ notamment s’inquiètent du message que ça pourrait envoyer et l’élitisme que ça pourrait créer. Du côté des parents d’enfants doués, cette annonce est très intéressante parce qu’elle répond à un problème soulevé depuis plusieurs années. La douance n’est pas toujours synonyme de réussite scolaire et peut entrainer des problèmes de comportement, voire de décrochage. Ça fait donc très longtemps qu’une initiative gouvernementale pour soutenir la douance est attendue.

Notre histoire qui ressemble à beaucoup d’autres

J’en ai parlé sur différentes plateformes, notre maisonnée est « neurodiversifiée ». Si je ne parle que de mes enfants d’âge scolaire, mon ainé vit avec un HPI et mon deuxième vit avec une DIL. Au quotidien, la différence est énorme entre eux. Ils ont chacun leurs forces et leurs défis et se complètent très bien. C’est d’ailleurs pour ça que dans ma vision de maman, l’inclusion était le meilleur parcours à envisager pour les deux.

Vivant dans un secteur bilingue, les enfants ont fréquenté une garderie où ils étaient exposés à l’anglais quotidiennement. Lorsqu’est venu le temps de choisir une école pour mon deuxième, nous avons exploré nos options et la Commission Scolaire anglophone était celle qui répondait le mieux à nos valeurs. Nous avons pu obtenir l’éligibilité et notre coco a commencé son parcours scolaire dans un environnement très inclusif. Il vit une magnifique expérience, à la hauteur de nos attentes.

Quand son grand frère était entré en maternelle 2 ans avant, on ne savait même pas qu’il vivait avec un HPI, nous l’avions machinalement inscrit à l’école francophone du coin, comme la plupart des amis de la rue. Nous envisagions un parcours assez facile pour lui parce que nous savions qu’il était fort académiquement. À 5 ans, il savait déjà lire, compter jusqu’à plus de 1000 et était parfaitement bilingue. Rien ne nous laissait envisager les défis auxquels il allait faire face.

L’évaluation

Nous avons rapidement été poussés à le faire évaluer par son enseignante de maternelle. En fait, elle ne pouvait pas nous obliger puisqu’on devait passer par le privé, faute de ressources pour les élèves en réussite scolaire. Elle nous a quand même fortement suggéré d’y aller rapidement, nommant l’aide qu’il pourrait obtenir en ayant un diagnostic clair.

Je ne sais pas ce qu’elle suspectait exactement, mais comme elle insistait beaucoup sur son énergie, son impulsivité et ses épisodes d’autostimulation, ça devait jouer entre TDAH ou TSA.

Les premiers formulaires remplis allaient d’ailleurs dans le sens d’un fort TDAH quand on regardait ses réponses.

Notre médecin de famille n’acceptait pas ça d’emblée. Elle nous a donc conseillé, elle aussi, de consulter pour une évaluation plus approfondie.

La psychologue qu’on a consultée ne fait que ça de sa pratique : des évaluations de douance, DI et TSA. Rapidement, pour elle, c’était clair que les TDAH et TSA n’étaient pas dans le portrait. À la fin des 3 sessions d’évaluation, elle a rédigé un rapport : haut potentiel intellectuel. Notre fils avait maintenant une étiquette de douance qui pourrait peut-être nous ouvrir des portes.

La réalité

Franchement, quand nous avons reçu le rapport, j’avais beaucoup d’espoir. Enfin, on avait un mot qui pouvait faire une différence pour mettre des interventions en place.

À l’école par contre, j’ai senti la déception face à ce « diagnostic ». Un enfant qui est « juste » doué, ça ne permet pas de mettre beaucoup de ressources en place.

Même si j’ai demandé un plan d’intervention pour ses réactions intenses, pour ses difficultés à rester en place et tout ça, la direction s’opposait à la mise en place d’un PI, trop contraignant quand les ressources manquent.

Il a donc terminé sa maternelle sans vraiment d’aide et avec une enseignante qui ne savait pas trop comment intervenir avec un enfant différent « comme lui ».

La première année a été une belle surprise. Son enseignante connaissait la douance et travaillait avec une classe flexible et des projets. Elle savait miser sur les forces de mon coco et l’année s’est déroulée comme un charme.

La deuxième année par contre, ouf!

Inclusion vs HPI

C’était en septembre 2019. La première semaine, il m’avait déjà dit qu’il ne voulait plus retourner à l’école parce que c’était plate, et il avait reçu 2 billets dans l’autobus.

Je n’en revenais pas. Oui, mon fils vit des défis, mais je trouvais ça très très intense pour quelques jours à l’école.

Septembre avançait et les problèmes continuaient. Avec un nouvel élève, avec la matière qui était de la révision, avec l’autobus. C’était difficile.

Il a fallu que je contacte la direction plusieurs fois avant qu’enfin, elle transmette mon message à la TES. À ce moment-là, j’étais « la maman fatigante » qui demandait un plan d’intervention. J’étais même allée jusqu’à discuter avec la commission scolaire pour voir si une plainte serait justifiée si elle ne mettait rien en place.

Mon fils ne pouvait pas devenir un décrocheur en deuxième année du primaire, c’était impensable pour moi et pourtant, plein de signes me laissaient croire que ça pourrait arriver si rien n’était mis en place.

Convaincre des besoins

La première discussion avec la TES, je la sentais déjà sur ses gardes. C’était clair que la rumeur comme quoi j’étais une maman fatigante avait circulé à quelque part. Mais ce n’était pas une préoccupation pour moi. Ce que je voulais, c’était que mon enfant garde son amour de l’école et son désir d’apprendre.

J’ai donc exprimé tout ce qui a soulevé des alarmes pour moi, et j’ai mentionné les outils qu’on pourrait utiliser à l’école pour soutenir mon fils parce qu’on expérimentait déjà des choses depuis 3 ans à la maison.

La TES a finalement compris que nous cherchions simplement un soutient. Et qu’on croyait vraiment à une collaboration école-maison. Le but n’était pas simplement de chialer, mais de soutenir du mieux possible. On a établi une belle relation avec elle et ça a été très aidant.

Malgré tout ça, mon fils continuait à s’ennuyer à l’école. Des rencontres avec la direction et une conseillère pédagogique en douance a permis de mettre d’autres outils en place. Mais au cours de cette réunion, il était clair que la conseillère pédagogique était là pour venter un programme adapté pour les enfants doués qui existe dans une école voisine.

C’est donc comme ça, avec du soutien à l’école, du décloisonnement, des outils fournis par notre orthophoniste, des activités spéciales en robotique et un club d’échec, que mon fils a arrêté de dire que l’école était plate pour quelques temps.

Faire de nouveaux choix

Mais j’ai aussi réalisé que cette bataille serait à reprendre à chaque année. Et je n’avais pas d’énergie pour ça.

J’ai donc écouté la conseillère pédagogique et appliqué pour le programme pour enfants doués. Pour lequel mon fils a été accepté.

C’est une victoire, mais en même temps, j’ai un petit pincement quand je pense à toutes les démarches que j’ai faites pour permettre l’inclusion de mon deuxième dans une école régulière. Et toutes les démarches que j’ai dû faire pour que mon grand ait de l’aide dans notre école de quartier, malgré ces résultats.

Dans nos circonstances, dans notre contexte, la classe adaptée nous semble le meilleur choix, pour plein de raisons :

  • Contrer le décrochage de mon grand avant le 3è cycle du primaire
  • Lui permettre de vivre des activités enrichissantes à la hauteur de son potentiel
  • Être encadré par une équipe qui s’y connait réellement en douance
  • Pouvoir vivre des succès sociaux autant qu’académiques
  • Ne pas avoir à reprendre de nouvelles démarches à chaque année pour que mon fils soit entendu

Et bien d’autres.

De ce que je lis comme commentaires venant de parents d’enfants doués, ces points sont valides pour beaucoup de jeune vivant avec un HPI.

Les classes adaptées, une rareté

Au Québec, des classes pour enfants doués, il n’en existe que très peu. En fait, la plupart des enfants vivant avec un HPI sont inclus ou se retrouvent dans des programmes enrichis comme le PEI, par exemple. Ce genre de classes ne sont pas nécessairement ce qu’il faut. Les enseignants s’intéressent à la neuroinclusion, mais ce n’est pas toujours possible, avec les ressources disponibles, de répondre réellement aux besoins de ces enfants qui apprennent « trop vite » et qui s’ennuient rapidement. Et qui, disons-le, vivent aussi d’autres défis en lien avec le HPI, puisque ça ne s’arrête pas qu’à l’apprentissage.

Des projets comme ce que le gouvernement du Québec propose avec l’investissement en douance est donc une excellente nouvelle pour ces jeunes.

J’ai vraiment hâte à septembre pour observer l’effet que cette classe adaptée aura sur l’intérêt de mon fils. Il est d’ailleurs très enthousiaste de se retrouver dans un groupe de jeunes apprenants. Il pose déjà des questions plus profondes ces derniers temps. Je pense que c’est signe qu’il est prêt pour ce changement.

Est-ce que les classes adaptées pour élèves doués sont quelque chose qui manque à votre avis? Pourquoi?

Karine,  atypiquementparfaite.com

Collaboratrice pour Mamanbooh

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