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Ton père est mort.

Non, pas le mien.

Le tien.

La première fois que j’ai fait sa connaissance, sa tignasse blanche et son sourire franc m’avaient frappée.  Il nous accompagnait à une manifestation syndicale. Assis avec nous, il chantait et moi, j’étais charmée.
Il était loin du modèle de père que je connaissais.  
Puis, j’ai appris la maladie.  Sa maladie.  Les failles d’un système incapable de lui offrir les services dont il avait besoin, pas assez de ceci, trop de cela. En y repensant, c’était la première fois que naïvement, je réalisais qu’il n’y avait pas de place pour tout le monde dans notre belle société industrialisée, démocratique et évoluée.
J’ai vu ta mère se dévouer, chercher des solutions, l’accompagner à des r.v., prendre soin de lui, s’inquiéter, mettre sa vie sur pause, etc…  Je t’ai vue suivant le même chemin, dévouée, présente et toujours prête à rebondir dans les situations urgentes qui demandaient beaucoup de sang froid.  Quelques fois, nous avons cru sa fin proche.
Depuis  environ 15 ans, je suis une spectatrice qui vous observe, demande des nouvelles, reste parfois sans mot et qui garde toujours en tête la même image d’un beau  monsieur souriant, même si depuis tout ce temps, le visage de la maladie avait pris toute la place.
Dans mes souvenirs, tu as le même sourire.  Nos chemins se sont séparés, mais dans mon coeur, depuis que j’ai appris son décès, je pleure.  J’aimerais te dire plein de choses, t’offrir mes sympathies, te dire qu’en même temps, j’imagine que c’est un certain soulagement, etc… 
Ton père est mort.

 Le mien aussi, même si son coeur bat encore.

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