0
12

Le test des lunettes ou comment réaliser qu’on est moins importante que les autres

Depuis que je suis maman, il n’y a pas
grand-chose qui se passe comme je le pensais, comme je le souhaitais ou encore
comme je le veux.
La maternité est venue changer mes plans du
côté de la carrière, je me suis retrouvée depuis les 9 mois de ma fille à vivre
plusieurs épisodes d’hospitalisation, des années de rendez-vous hebdomadaires à
l’hôpital Sainte-Justine, puis aux centres de réadaptation pour mes deux
enfants, ainsi que des suivis avec plusieurs spécialistes.
Le test des lunettes Julie Philippon
Les lunettes de Fiston – photo d’Opto-réseau

Un agenda de président de compagnie

Avec mon conjoint, on a convenu que c’était
moi qui étais pour gérer l’agenda de président de compagnie de nos enfants,
allant aux rendez-vous, examens, aux thérapies, aux rencontres pour les plans
d’intervention, aux soirées d’informations, aux réunions de parents, etc. Sans
parler du quotidien de tous les jeunes enfants qui implique gastros, otites et
autres maladies infantiles.
Avec mes grossesses rapprochées et mes
congés de maternité, j’étais déjà celle qui faisait tout ça, qui frappait aux
portes, remplissait les formulaires, faisait les appels, etc. J’ai essayé de
tout concilier en retournant au travail à temps partiel, puis mon père est
tombé malade et encore une fois, mes plans ont changé.

Une carrière mise de côté

En gros, depuis 11 ans, j’ai mis de côté la
carrière, les projets de retraite et d’économies et j’ai pas mal surfé d’une
urgence à une autre, sans avoir le temps vraiment d’y penser. Pas par manque
d’ambition, simplement par manque de temps, d’énergie et de
« chance ».
Par contre, je me suis adaptée en étant
créative et l’écriture est venue m’apporter un peu d’espace dans ma tête puis
des projets de livres et des piges, le tout toujours réalisé entre deux
rendez-vous, souvent à la dernière minute, le soir, les week-ends, etc. 
Ma job de maman d’enfants différents n’est
pas vraiment compatible avec ma job d’enseignante puisqu’elles se partagent les
mêmes heures ouvrables. Pourtant, j’aime beaucoup plus enseigner et voir les
yeux de mes élèves briller que d’aller à des rendez-vous médicaux pour
constater les difficultés de mes enfants, vivre de nouveaux deuils, etc.

Le test des lunettes

Hier soir, en couchant mon fils, j’ai
appris que vendredi dernier, il avait cassé ses lunettes. J’étais embêtée,
comment régler ce problème un dimanche à 19h30? Je lui ai demandé pourquoi il
n’en avait pas parlé avec son père en revenant de l’école alors que moi,
j’étais à Québec pour le Salon international du livre et c’est la que j’ai
comme reçu un coup de poing en pleine face.
Fiston m’a dit : « parce que je
ne voulais pas que papa me chicane, mais surtout, qu’on soit obligé de s’en
occuper et que ça prenne deux trois heures de notre fin de semaine alors que
toi, tu es habituée de faire les rendez-vous et de prendre deux ou trois heures
pour moi, pour ça. »
(…)

La bonne de service

J’avoue que ma première réponse a
été : « Fiston, je retourne travailler à temps plein à l’école l’an
prochain » mêlée d’un grand sentiment d’injustice et de colère.
C’est ça, moi, je suis bonne juste pour ça,
les rendez-vous, perdre mon temps ou encore, mon temps n’est pas important, je
suis la bobonne de service.
En soirée, j’en ai reparlé avec mon chum,
il n’a pas vraiment eu de réaction à part de me dire qu’il n’aurait pas été
fâché si les lunettes avaient été cassées par accident. Pas un mot sur le
commentaire de Fiston.
Pff!


La vérité sort de la bouche des enfants

Je suis allée me coucher avec un goût amer.
Je me suis réveillée avec ça en tête. Même
mon café n’a pas réussi à me faire oublier la réflexion de Fiston. 
On dit que la vérité sort de la bouche des
enfants, j’y crois et je réalise que j’ai probablement trop donné pour qu’on tienne
pour acquis que mon temps est moins important que celui des autres alors que
j’ai un projet important à finaliser, que je suis fatiguée et que je me remets
d’une maladie.
J’ai fait le test des lunettes sans
vraiment le savoir et je l’ai échoué. Pis ça me dérange beaucoup de le
réaliser. Fiston m’a donnée toute une leçon et il ne le sait pas encore, mais
les choses vont changer parce que ce n’est pas vrai que mon temps est moins
important que celui des autres.
Que je suis moins importante que les
autres.
J’ai fait le choix d’être plus disponible
et présente pour mes enfants par amour et par amour, je vais me mettre aussi à
l’horaire. Promis. Parce qu’il semblerait que ce n’est pas juste moi qui l’a oublié.

Et vous, si vous aviez à le faire, est-ce
que vous réussiriez le test des lunettes?
 

*Note : Fiston était en
pédagogique,  à la maison aujourd’hui
(c’est donc bibi qui s’en occupait) et nous sommes allés faire réparer ses
lunettes, il ne voulait pas y aller, mais il n’avait heureusement pas le choix,
incapable de les ajuster sans lui.

Vous pourriez aussi aimer

Abonnez-vous à mon infolettre!


 

Et recevez gratuitement l’outil « 20 informations incontournables à partager avec les intervenants de mon enfant »

 

Pin It on Pinterest

Share This