Quand j’ai eu mon deuxième fils et qu’on a appris sa trisomie 21, j’ai lu toutes sortes de textes sur le sujet. Un m’a particulièrement marquée. Il avait été écrit par une autre maman comme moi, qui avait appris la trisomie de son fils peu de temps après sa naissance. Une phrase m’a touchée énormément. Dans son texte, elle disait merci à son fils de l’avoir choisi comme maman. Ce que je comprenais de ça, c’est qu’au fond, on est toutes la mère parfaite pour nos enfants.
Perdre la confiance
Je ne sais pas pour vous, mais de mon côté, je ne savais pas vraiment comment être une mère avant de le devenir. J’ai beaucoup fonctionné par essaie et erreur au début. En fait, c’est encore comme ça que je fonctionne.
Mon ainé était un bébé facile. Il avait une grande autonomie et apprenait vite. Sans vouloir tout prendre sur moi, j’avais l’impression d’avoir du talent comme mère. Ça m’a convaincue que j’étais capable d’en avoir un autre sans trop de problème.
Et là, un petit humain différent s’est fait une place dans ma vie. Je suis tombée de haut. En plus d’avoir à faire face au choc, je devrais réajuster mes idées préconçues sur la maternité et la trisomie 21. En me regardant dans le miroir, je me disais que je n’avais pas l’air de la mère d’un enfant différent. Je ne sais pas de quoi ça devait avoir l’air, mais ce n’était pas le genre de mission que je me sentais prête à relever.
Déstabilisée, je prenais toutes les recommandations au pied de la lettre : stimulation, examens, allaitement, musique, etc.
Au point où je ne faisais plus du tout confiance à mon instinct de maman. Je n’étais ni à l’écoute de mon enfant non plus. Je ne vivais que pour les « il faut que » et les « je dois ».
J’étais loin de croire que j’étais la mère parfaite pour lui, parce que parfois, je passais par-dessus un « il faut que » ou j’en oubliais un et je culpabilisais un maximum à cause de ça. En additionnant ça a mon anxiété, ça devenait très lourd, pour tout le monde.
Merci de m’avoir choisie comme maman.
Réapprendre à s’écouter
Puis la phrase est revenue me hanter : c’est ton fils qui t’a choisie, tu es la mère parfaite pour lui.
Et si je pouvais arrêter d’être une thérapeute et recommencer à être une mère?
Ça ne s’est pas fait du jour au lendemain, mais j’ai commencé à relâcher la stimulation à la maison. J’ai commencé à le regarder jouer, comme s’il était un enfant « normal », comme j’avais regardé son frère. Je l’ai regardé découvrir le monde et l’encourager à travers ses jeux au lieu de lui imposer la série d’exercices « qui ne prennent que 15 minutes par jour » suggérés par la physio, l’ergo et l’orthophoniste.
Mon enfant rayonnait beaucoup plus quand je le laissais faire ses choix.
À mesure que je lui laissais de la place pour être un enfant, je me laissais de la place pour être une mère, sa mère. On a commencé à former une vraie équipe, une équipe parfaite, qui s’écoute.
Il y a encore eu des moments où j’ai dû faire de la stimulation, mais je ne faisais plus que ça et la lourdeur a commencé à disparaitre.
Vivre au lieu de subir
À partir du moment où j’ai recommencé à m’écouter et à écouter mon enfant, on a commencé à vraiment profiter des moments, profiter du moment présent. Bien sûr, il y a encore des moments plus difficiles, mais l’anxiété prends de moins en moins de place et les rires sont plus nombreux.
Me faire confiance et faire confiance à mon enfant a allégé notre quotidien. Alors que j’étais continuellement en train de réagir aux événements, je recommençais à prendre un certain contrôle sur mes actions. Je ne subissais plus ma vie, je vivais enfin.
Mon fils m’aura appris beaucoup de choses depuis sa naissance. Une des plus importante est que je suis la maman parfaite pour lui comme il est l’enfant parfait pour moi. Et que je suis une aussi bonne mère pour lui que je le suis pour ses frères.
As-tu déjà pris conscience que tu étais la maman parfaite pour tes enfants toi aussi?
Karine, Atypiquement Parfaite
Collaboratrice pour Mamanbooh