« Des larmes à l’action »: triste, émue, mais pas misérable! Ce billet est inspiré de mes échanges avec la journaliste Isabelle Audet suite à une vidéo publiée sur Facebook.
Qu’ont en commun Coralie Cambelin, Sarah Van Sickle, Dana Blizzard ou Kelly Ellerbe (maman de la petite Kelsey Hine)? Elles ont partagé des vidéos qui sont devenues virales, de vrais cris du cœur, au sujet de la condition de leurs enfants ou leurs peurs face à l’avenir. Et moi aussi, à une plus petite échelle, ici, au Québec, je fais une peu la même chose.
Une demande surprenante
En effet, fin mai, après avoir partagé un Facebook live, j’ai été contactée par une Isabelle Audet, journaliste à La Presse qui s’intéressait au phénomène des émotions sur les réseaux sociaux. Elle avait été touchée par ma vidéo ainsi que les commentaires « bien sentis des personnes qui y réagissaient » et elle souhaitait en discuter avec moi.
Elle observait depuis plusieurs mois des femmes qui assumaient de plus en plus leurs émotions en public, touchant du même coup une corde sensible chez les gens, devenant souvent des bougies d’allumage pour une plus grande conscience collective sur un enjeu, entraînant des actions et devenant porteuses d’espoir.
L’Article Des larmes à l’action dans La Presse
Vendredi, il y a eu une annonce que le sujet serait publié samedi et j’ai commencé à me sentir un peu mal. On ne sait jamais comment nos propos seront recueillis ni transmis. Et si je venais de faire une gaffe ? Trop tard, j’ai dû attendre pour pouvoir lire moi-même l’article. Mais ce petit bout me faisait beaucoup douter de moi. « À bout de nerfs, elles se livrent sans pudeur sur les réseaux sociaux. Analyse du phénomène. »
Vous pouvez aussi le lire en entier en cliquant ici, sinon, voici un extrait :
TRISTE, ÉMUE, MAIS PAS MISÉRABLE
L’impact de ce partage, Julie Philippon, blogueuse et auteure, le connaît très bien. À travers le site Mamanbooh et les réseaux sociaux, elle rejoint des milliers de parents. Plusieurs veillent, comme elle, sur des enfants à besoins particuliers.
Il y a deux semaines, à l’occasion d’une diffusion en direct sur Facebook, l’enseignante de formation a versé quelques larmes après avoir assisté au spectacle de musique de l’école de son fils. La classe de soutien dans laquelle il évolue ne participe pas à toutes les activités organisées par l’établissement. Mais cette fois, le garçon était sur scène. Comme les autres.
« Ça fait du bien… parce que j’étais fière comme maman et j’étais contente… », a raconté Mme Philippon, en larmes.
« Je ne pensais pas pleurer, mais je pense que je suis fatiguée et j’ai vraiment eu une grosse émotion, ajoute-t-elle. Avant, j’écrivais beaucoup ce genre de choses là et je me suis censurée pour protéger mes enfants. Mais ce que j’ai vécu, il y a plein de parents qui le vivent… »
À côté de son témoignage, les commentaires de soutien défilaient. Et dans la boîte privée de la blogueuse, des mères dont les enfants éprouvent des difficultés se sont confiées à elle. Elles ont été touchées, et elles ont été inspirées.
« Je ne veux vraiment pas faire pitié ni jouer à la victime. Je veux qu’il ressorte quelque chose de positif de ça. J’aimerais vraiment mieux pleurer moins, aussi. »
— Julie Philippon
Agir et réfléchir après
Mes échanges avec Isabelle Audet ont été riches et constructifs, du coup, je me suis aussi un peu plus attardée à mes propres actions, à ce que cela impliquait. Je me suis beaucoup questionnée. En lisant les nombreux commentaires, j’ai aussi réalisé qu’en fait, quand je faisais ce genre de choses (jamais planifiées), cela avait plusieurs effets :
• Briser l’isolement (le mien, celui des autres)
• Mettre des mots sur plusieurs maux que les autres vivent aussi
• Permettre aux gens de se sentir moins seuls
• Offrir l’occasion de s’exprimer, de vivre sa peine, sa colère
• Nommer les choses, les émotions, les situations
• Dédramatiser ou sonner un son de cloche
• Dénoncer ce qui n’est pas acceptable, logique ou qui est simplement trop difficile à vivre pour une personne, une famille, etc.
• Sensibiliser les proches des parents qui vivent un peu la même réalité
• Éduquer pour briser un peu les tabous en partant du principe qu’à partir du moment qu’on comprend (un peu plus du moins), on est déjà plus ouvert à l’autre, on juge moins.
• Ouvrir la communication, inviter aux échanges, rendre le droit de parole, d’être lu, à un plus grand nombre d’individus grâce aux commentaires
• Passer un message
• Initier l’action!
Initier l’action
Ce dernier point, il est celui qui est le plus important pour moi. Je ne suis pas du genre à regarder la parade et à me plaindre de ceci ou de cela. Il y a quelque chose que je n’aime pas que je trouve inadéquat, inacceptable, ridicule ou peu importe (et, dans toutes les sphères de ma vie), je passe à l’action.
À l’inverse, j’ai de moins en moins de patience et de temps pour les personnes qui sont négatives, qui chialent sans rien apporter au débat, sans elles-mêmes s’impliquer d’une façon ou d’une autre.
Authentique, je suis
J’aimerais être plus posée, plus ceci, moins cela, faire des trucs toujours bien organisés, planifiés, de façon plus professionnelle comme j’ai la chance de le faire avec des partenaires comme Alloprof Parents ou encore La CLEF.
Mais, ma réalité, c’est que je n’ai pas de budget ni d’équipe, qui si j’attends que ça soit parfait comme situation, ça ne le sera probablement jamais, qu’il y a tellement de choses qui se passent, que je vais oublier l’essentiel de mon message que je souhaitais livrer.
Autre détail, je parle au « je », pour moi, et non pour un « client » et je m’adresse à « ma communauté » qui apprécie mon authenticité, qui n’est pas dérangée par le fait que je n’ai ni de beaux ongles ni un style à la fine pointe des tendances mode, etc.
Je suis qui je suis. Je ne porte pas de masque, je m’affiche et je m’assume avec l’entièreté de ma personne, ce qui est très cohérent avec mes propos comme dans mes projets #30couleurs. Malgré tout cela, j’aimerais être moins émotive. Moins m’exposer. Parce que cela n’attire pas seulement de le bienveillance. Que ça dérange aussi.
Je ne veux pas de pitié, je ne suis pas une victime
Quand je prends la parole, je ne veux pas être le centre de l’attention, au contraire, je souhaite qu’on réfléchisse à une situation. J’ai souvent eu peur qu’on me prenne en pitié ou qu’on me voie comme une victime.
Certes, la vie est injuste, mais encore, là, qui sait ce que les autres vivent vraiment? Moi-même, je partage beaucoup selon mes lecteurs et mes proches, mais ça représente peut-être juste 10 % de mon quotidien qui est loin d’être plate.
Je suis un membre de cette collectivité. J’en porte parfois trop sur mes épaules, j’aimerais avoir un répit de mésaventures, de deuils et de peines, mais je n’ai pas de pouvoir sur cela. Juste ce que je peux en faire, comment je peux les vivre. Et encore là, ça ne se passe pas comme je le voudrais. Rarement. Même si je suis:
- proactive
- que je me renseigne
- que je m’implique
- que je m’informe aux bonnes sources
- que je suis une bonne personne avec bon jugement
- que je suis capable de m’exprimer, de me questionner, d’aller chercher de l’aide, de l’information, du soutien, etc.
Mon seul pouvoir, c’est ce que j’en fais quand je souffre moins, que j’ai un peu de recul. Quand j’accepte que la situation aille peut-être mal (ma vie), mais que moi, j’ai le droit d’aller bien. Que même si je fais de l’angoisse la nuit en pensant à l’avenir de mes enfants, demain, je vais peut-être prendre le temps de boire une boisson chaude avec une amie et profiter pleinement de ce moment !
Plus que jamais, je crois à la force du village et que ce village, c’est nous! Pas vous? J’aimerais bien vous lire sur le sujet. Commentez SVP!
Julie xx
Crédit photo de l’image mise en avant: CreativeMornings Olivier Benoit-Potvin Photographe
www.oliphoto.com – à WeWork L’Avenue, prise lors de ma conférence sur l’anxiété à Montréal en janvier dernier, à découvrir ici.