Autisme, la couleur de Vincent #30couleurs

Mon grand garçon a maintenant dix ans, le temps passe si vite. Il
a été diagnostiqué avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA), quand il
avait quatre ans. Nous avons été chanceux, car nous avons eu son diagnostic
assez jeune. Avoir Vincent dans notre vie m’a changée comme personne, nous a
changés comme famille, comme couple même. J’ai appris beaucoup de choses et je
continue d’en apprendre.

Notre vie est comme la météo. Parfois, il fait beau et parfois, il y a des
tempêtes. Tout juste après plusieurs jours de beau temps, sans crier gare, une
nouvelle tempête s’abat. La tempête, c’est un coco qui manque de sommeil, qui
fait quelques nuits d’insomnie et qui devient désorganisé, qui fait des crises.
La tempête, c’est un coco qui est malade, qui ne se comprend plus, c’est
un garçon qui vit de la peine parce qu’il ne se fait pas inviter autant que son
petit frère. Parfois, ce ne sont pas de grosses tempêtes et je dirais que,
depuis quelques années, il y en a moins.

J’anticipe souvent l’adolescence, les changements hormonaux et comment mon
beau garçon va vivre cela. Mon fils a des qualités extraordinaires. Il est très
sensible, extrêmement persévérant, il est curieux et très verbomoteur comme sa
maman. Je le regarde souvent avoir des difficultés dans une matière à l’école
et il ne se décourage jamais, il continue d’essayer tant et aussi longtemps
qu’il n’y arrive pas. Il m’a
appris ce que c’était «de la vraie persévérance» et d’aller au bout de quelque chose. Il a sa façon bien
à lui de voir la vie, il apporte une couleur particulière dans ma vie, sa
couleur. Je suis la maman que je suis grâce à lui et grâce à son frère. Vincent est mon premier bébé et
il m’a amenée à tenter de voir la vie un jour à la fois. Je dis tenter, car
c’est un travail de tous les jours.

À quoi ça sert d’anticiper les tempêtes? Ça servirait seulement à
oublier le soleil qui brille ici et maintenant. L’avenir me fait toujours un
peu peur pour lui et, comme tous les autres parents, je me demande jusqu’où ses
études le mèneront? Est-ce qu’il aura un cercle d’amis qui l’accepteront comme
il est? Sera-t-il heureux? C’est alors qu’il réussit quelque chose de génial et
qu’il me ramène au moment présent. 

Notre vie est teintée par le TSA d’une certaine manière, car nous devons
avoir une structure familiale assez rigide et respecter certaines balises pour
éloigner les tempêtes, Nous devons jongler avec les moyens financiers et les
divers intervenants qui soutiennent notre fils. Nous avons un agenda digne d’un
premier ministre rempli de rendez-vous. Parfois, nous devons décliner des
opportunités pour le bien de notre famille. Souvent, nous devons travailler,
malgré le niveau de fatigue à son apogée. Au-delà de toutes les embûches,
jamais je n’imaginerais ma vie sans ce petit garçon qui est bien spécial et qui
a ajouté sa couleur bien à lui à ma vie.

 Jessie Therrien, maman de Vincent