Moi, janvier 2012, -22 degrés,
portant fièrement mon nouveau manteau en ce froid polaire.
Bon, le sujet me trotte dans la tête depuis quelques jours, mais je ne sais pas trop de quel angle l’aborder…
J’ai toujours été assez ronde, bien avant mes grossesses. Potelée, enrobée, dodue ou encore grosse, obèse, pleine de graisse… C’est selon les interprétations, selon les humeurs du jour, selon les chartes des uns ou des autres.
J’ai toujours été assez active, plein air (j’ai même été guide de rafting une saison), natation (professeur et sauveteur pendant toutes mes études), cours de toutes sortes, selon mes passions du moments (amours et amitiés), mes occupations, etc…
J’ai toujours été assez coquette, une bracelet par ici, une barrette par là, un rappelle de couleur avec un accessoire, un petit quelque chose que je suis parfois la seule à remarquer. Quoique depuis que je suis maman, c’est parfois mes enfants qui bénéficient de cette attention.
J’ai toujours été assez carrée, ayant une grosse ossature (hum, hum). Je ne suis pas très grande et jusqu’à ce qu’il y a quelques temps, j’étais plutôt musclée. Bref, pas pire solide la madame! Délicatesse, aérienne et légèreté ne sont pas des adjectifs pour me décrire.
J’ai toujours été assez drôle, ayant un certain sens de la répartie et des jeux de mots, spontanée et surtout souriante. Je suis née avec un sourire dans la face et il me quitte pas souvent. J’arrive même à sourire en pleurant, il faut le faire!
J’ai toujours été assez brillante, gagnant des concours d’histoire, une bourse d’études au cegep, une autre à l’université. Ayant une révélation en entendant les paroles d’une chanson de Jean Leloup disant: « je ne suis peut-être pas belle, mais je suis intelligente ». C’était pour être mon mantra.
J’ai toujours été assez inconfortable avec le regard des autres, sensible aux jugements, ayant peur de déranger, m’excusant même de m’excuser, ne sachant quelle place prendre et où était justement, ma place.
J’ai toujours été ma pire ennemie, trouvant moi-même les paroles qui pourraient me blesser, manquant cruellement de confiance en moi, me trouvant « moche, poche, torche ». Me dévalorisant pour ne pas être blessée par les autres.
Puis, j’ai changé.
Un peu, doucement ou à coup de gros bouleversements, mais j’ai changé. Je suis tombée quelques fois. Je me suis relevée autant de fois, mais j’ai aussi eu besoin parfois d’aide extérieure, de médication (que je prends encore), de thérapie (que je poursuis comme on entretient si bien nos automobiles), de changements dans ma vie, de faire des deuils, de cheminer, d’être accompagnée, etc…
Et j’ai encore changé.
J’ai changé dans mon corps, j’ai changé dans ma tête.
Alors que je payais mes achats dans une boutique spécialisée pour les tailles fortes dont je suis, une vendeuse que j’apprécie pour son style, son look et ses bons conseils m’a dit: « vous savez, c’est facile de vous servir, vous êtes toujours de bonne humeur, vous êtes bien dans votre peau comparée à la plupart de nos clientes, c’est agréable, vous êtes belle madame. »
J’ai failli protester, refuser ces bons mots et puis, j’ai pris ma monnaie, mon sac et je suis repartie, un sourire aux lèvres après avoir dit un merci bien senti…
n.b. Je pourrais vous parler de mes démarches, de mon travail pour m’accepter, du fait que je trouve ça génial de voir toutes les boutiques spécialisées, que je suis de mieux en mieux dans ma peau, même si je n’ai jamais été aussi ronde, que des fois, j’aimerais envoyer valser la médication, etc… Mais, je sais aussi que je suis vivante, que je ne peux pas tout faire en même temps et que mes premiers objectifs ne se mesurent pas en livres ou en pouces, mais plutôt en indice de santé.