Vous savez, j’ai plusieurs chapeaux et parfois, ils s’empilent sur ma tête, j’oublie de les changer, je me trompe de rôle, etc… Je suis aussi une personne sensible (trop), qui sent les autres (je ne parle pas de mon nez!), qui est très influencée par les émotions qui l’entourent. Comme une éponge, j’absorbe les peines, les frustrations et la colère.
Comme un livre ouvert, je suis perméable, ça rentre, ça sort. Les belles choses et les moins belles. Faire semblant, c’est très difficile pour moi. Je ne veux pas choquer ou faire de la peine, mais si je suis triste, probablement que je vais pleurer. Si je suis en forme, j’aurai de la répartie et je rirai facilement.
Mardi soir dernier, j’ai appris qu’une copinaute blogueuse avait perdu son frère de 17 ans. Il faisait de l’épilepsie et il serait tomber de quelques marches, sur la tête. Après 24 heures aux soins intensifs, il est décédé suite à un traumatisme crânien.
(…)
Mercredi matin, j’étais en classe avec mes grands et nous faisions une tempête d’idées suite au visionnement d’un vidéo, un peu comme dans « donner au suivant ». À un certain moment, un élève a fait une blague plate sur l’épilepsie et…
J’ai craqué.
Je me suis mise à pleurer, devant ma vingtaine d’élèves. Je suis venue les yeux plein d’eau, un élève inquiet m’a dit: « Madame Julie, on dirait que vous allez pleurer!?! » Et, j’ai pleuré.
Je leur ai dit que j’étais sensible, que j’avais une émotion trop grande à contenir, mais qu’une fois passée, je resterais debout, à enseigner. Rarement, ils avaient été aussi silencieux et attentifs. Et j’ai fait ma journée.
J’ai continué à parler, en expliquant la triste histoire de Renaud, en faisant un lien avec ma fille qui fait de l’épilepsie depuis ses 9 mois, j’ai raconté ma peine, mes angoisses, puis hop, j’ai séché mes yeux et la journée a continué.
En écrivant, je pleure encore. Il faut croire qu’il en restait encore à sortir… Je pense à ces familles qui fêteront Noël avec un enfant en moins, un frère, une mère, un père, à ceux qui sont dans l’attente ou la tourmente et ma poitrine se serre.
Le temps des fêtes sera plus douloureux pour certains et sachez que j’ai une pensé pour vous. J’aimerais vous envoyer plein de douceur. Je pense que l’Esprit de Noël, c’est aussi ça. Partager nos peines, nos misères et nos douleurs.
Et avant de reprendre tous mes chapeaux, je me permets de vous saluer bien bas! Demain, je reverrai mes élèves et j’ai une petite crainte, pas envers eux ou mes collègues. Et si mes larmes avaient choqué quelques parents?
Après tout, j’ai craqué…
* Notre merveilleuse gardienne le connaissait bien, elle travaillait au Camp Kangourou où il allait l’été. Le monde est petit. Le monde est fragile.