Mon enfant de trois ans est mon deuxième enfant autiste. Lorsque nous avons eu le diagnostic de sa grande sœur à ses 3 ans et demi, nous étions vraiment sous le coup de l’émotion. Elle avait un langage plus soutenu que notre petit Lapin au même âge et nous appréhendions beaucoup son développement langagier. Nous étions remplis d’espoirs, mais aussi plein d’attentes. Nous étions en train de vivre un ajustement.
Avouons-le aussi, nous étions en plein deuil
Deuil de l’enfant typique.
Deuil de nos attentes.
Apprendre à réagir aux regards des autres dans les commerces, dans la famille.
Puis en plein réajustement
Assumer petit à petit les différences.
Apprendre à aborder un regard plein d’empathie et d’amour inconditionnel sans modèle.
Apprendre à vivre les effondrements émotionnels et à ne pas les laisser envahir nos pensées en tout temps.
Naviguer contre vents et marées avec de l’amour, mais isolé. Tellement seuls.
Et à notre deuxième…
Nous avons abordé son diagnostic d’une tout autre façon. Nos deux enfants ont 5 ans de différence. Nous avons décidé d’avoir un deuxième enfant en toute connaissance de cause (des probabilités statistiques) et nous avons sauté dans l’aventure parentale avec ouverture, confiance et un amour déjà grandissant.
L’apprentissage du moment présent dans toute l’intensité de ma première fille a été dur, mais tellement enrichissant.
Je me sens portée dorénavant d’un ancrage dans mon quotidien. Ne pas garder les crises trop longtemps en mémoire. Toujours être disponible pour les besoins présents de mes enfants, de mon mari, de mon petit tribut que j’aime d’amour.
Ma vie de maman est exigeante.
Pleine de défis, de surprises, de détours.
Je suis une lionne et je dois être très présente et forte pour porter mes enfants. Une chance je suis soutenue par un Papa Ours d’expérience. Nous sommes forts. Mais la tempête fait rage, souvent. On ne sait jamais combien de temps elle va durer.
Puis le soleil apparaît soudain, fort, si fort et il me porte, nous porte.
La vie est douce alors
Et j’apprécie.
Gratitude
Depuis 6 mois, le langage de Super Lapin est en pleine émergence.
J’ai le cœur léger
Rempli d’amour
Rempli d’appréciation du moment
Entendre sa petite voix et ses nouveaux mots me remplit d’espoir.
Mais mes attentes sont réduites au minimum.
Je vis le « ici et maintenant » comme jamais je n’aurai pu imaginer avant. Jamais.
Je suis souvent émue, le cœur à la fête.
Et je n’échangerai jamais ma vie. Jamais.
Cet état de fait n’empêche pas les effondrements émotionnels. Les crises d’incompréhension. Les frustrations. Les défis intenses et soutenus reliés à la communication. Ses fuites. Son inconscience du danger. Et le fait que nous travaillons fort, vraiment fort les échanges avec lui à travers le jeu. Notre vie demeure un défi. Et nous n’avons pas de pauses.
Mais quand le soleil pointe ses rayons, que ce soit furtif ou bien plus durable, quelques moments par jour :
Je dis merci à la vie.
Merci chaleureux à Anita Cyr.