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Et si vous pouviez aider? Ou l’histoire de la plainte à la DPJ

Signalement DPJ autisme

« J’ai eu un signalement à la DPJ pendant ton absence. »

C’est le regard dévasté, les yeux tristes et l’air grave que mon mari m’annonce la nouvelle.

Je suis sans mots. Je reste à l’écoute, présente. Mais ébranlée. Fortement ébranlée.

Mon moment présent en prend tout un coup.

C’est que je reviens d’une retraite de méditation de huit jours de Vipassana. Je suis partie huit jours me ressourcer cet été. Huit jours dans une retraite fermée et dans le silence. C’est une démarche spirituelle exempte de tout dogme et religion, accessible à tous. Je vous en avais déjà parlé, de mon MeTime à moi, dans mon billet de présentation comme collaboratrice sur Mamanbooh.

Alors que les enfants sont tout à leur joie de me revoir, mon conjoint me relate la séquence des événements.

Ce qui s’est passé

Le lundi de mon absence, Papa ainsi que les deux enfants se dirigent vers la piscine municipale. Mais en chemin, Yéyé, la grande sœur de 7 ans demande plutôt d’aller à la plage. Papa accède à sa demande même s’il lui manque la poussette, entre autres choses.

Ils se rendent donc à une plage dans la municipalité voisine. C’est une plage sur le bord du lac des deux Montagnes.

Mon mari s’y est donc rendu avec les enfants, les serviettes de plages, un ballon et une chaise pour lui.

Au départ, ça allait plutôt bien. Il manquait toutefois des jouets surtout pour notre Super Lapin de deux ans. Mais bon, la plupart des gens sont sympathiques et laissent bien l’enfant emprunter seau, pelle et camion.

Tout bascule

À un moment donné, pendant qu’il jouait dans l’eau, mon coco a lancé une bonne grosse roche sur un petit garçon, semble-t-il, sur la tête de celui-ci. Mon mari n’a pas été témoin de l’événement (il avait aussi Yéyé à surveiller). Quand la maman est venue lui mentionner ce qui s’était passé, il lui a dit : « Je ne peux pas lui expliquer, il est autiste, il ne comprend pas… »

La maman du petit garçon qui avait reçu la roche demeurait dans tous ses états. L’explication ne semblait pas la satisfaire.

Mais encore

Le plus difficile pour nous dans un lieu public avec nos cocos, c’est qu’à un moment donné ils se mettent à explorer dans deux directions opposées. Il devient alors impossible de les suivre quand on est seul. C’est extrêmement préoccupant pour nous. La plus vieille n’a pas une bonne notion du danger et ne comprend pas qu’elle ne peut pas retourner seule à la voiture ou sortir de notre champ de vision. Nous sommes en apprentissage à ce niveau. Le plus jeune quant à lui n’a aucune notion du danger. C’est digne d’un sport de haut niveau !

Donc, quand cette fois-ci les enfants lui ont fait le manège, la grande quittait la plage et le petit était à l’autre bout complètement. Mon mari a senti que c’en était assez et est venu pour ramasser les différents objets : chaise, ballon, serviettes et le petit Lapin. Le Petit Lapin n’était vraiment pas content de devoir quitter la plage, mais comme la grande disparaissait, mon chum n’avait pas le choix de procéder rapidement.

Besoin d’aide

Alors que le petit faisait le « bacon » pour ne pas quitter l’endroit et que mon chum le retenait par un bras, un homme et une femme sont intervenus :

« Vous ne pouvez pas le tenir comme ça, vous allez le blesser ! »

« Ma plus vieille est en train de se sauver, je ne peux pas le laisser là sans surveillance il faut que je m’occupe des deux en même temps, ils sont autistes. »

Comme ils continuaient à l’accuser de violenter l’enfant, il leur a demandé de s’occuper du petit pendant qu’il allait chercher la plus vieille. Je vous avoue qu’il a peut-être fait sa demande sèchement. Il était dans un mode panique et il avait BESOIN D’AIDE. Comme nous avons déjà perdu la plus vieille une fois dans un lieu public et qu’elle a déjà mis sa vie en danger plusieurs fois vers ses trois ans et demi, nous sommes un peu sur le gros nerf dans une situation semblable.

Ils ont refusé sa demande d’aide.

Il a donc dû continuer à lutter avec le plus jeune pour essayer tant bien que mal de ne pas perdre de vue la plus grande. Elle a quand même échappé à sa surveillance et il l’a retrouvé après une bonne quinzaine de minutes de marche, seule, debout à côté de notre voiture (par chance).

Après, je vous le rappelle, avoir lutté avec le petit pour le ramener à la voiture. Et quand je parle de lutte, c’est vraiment ça ! Il nous griffe et se débat quand il ne veut pas collaborer. C’est TRÈS intense et nous devons garder toute notre attention pour ne pas l’échapper dans le processus, pour ne pas qu’il se blesse.

Alors dans la voiture, mon mari avait une fillette de 7 ans frustrée pour quelques raisons que ce soit (probablement parce que mon mari voulait qu’elle demeure près de lui sur le bord de la plage alors qu’elle souhaitait aller explorer plus loin) et un petit – mais Ô combien – Super Lapin dans un état de crise mémorable. Il a donc arrêté à l’arche dorée (pour ne pas nommer la grande chaîne, qui n’a pas besoin de publicité) pour offrir des crèmes molles aux enfants et pouvoir conduire dans une atmosphère un peu plus sereine et bien plus sécuritaire.

La surprise du retour

C’est en arrivant à la maison que mon mari a vu une auto-patrouille devant la porte. En effet, ses bons samaritains – que mon mari a rebaptisé beaucoup plus durement – l’ont suivi à la voiture, pris sa plaque d’immatriculation en photo et placés une plainte à la police.

À ce moment, mon mari a un petit plein de sable et sans sa couche dans l’auto et une grande qui boude. Il a demandé un moment à l’agent de police pour aller mettre l’enfant en sécurité dans sa chambre. Il l’a d’abord passé sous la douche et pendant qu’il essayait de se dépêcher, coco à fait un gros caca sur le plancher de la salle de bain. Il a nettoyé l’enfant, l’a habillé et mis dans sa chambre en sécurité pour revenir s’occuper de l’agent. En laissant le nettoyage du caca pour plus tard.

L’agent de police a été bien aimable et a compris qu’avec deux enfants autistes ce n’était pas évident pour nous. Et quand il lui a dit que j’étais dans une retraite fermée de méditation, ce dernier lui a même dit : « Elle devait en avoir bien de besoin, votre femme. »

Quand l’agent de police lui a mentionné : « En tout cas, notre système marche bien. » En parlant de son système de protection de la jeunesse avec fierté. Mon mari était dans tous ces états et lui a répondu :

« J’avais besoin d’aide, et je l’ai demandé. Tout ce qu’ils ont trouvé à faire pour m’aider c’est de me suivre et de faire une plainte. Ce n’est pas ce que j’appelle un système qui marche. J’aurai eu besoin de plus de compassion et d’esprit d’entraide dans cette situation. »

Et l’agent, en terminant sa discussion avec mon mari lui a demandé : «  Mais monsieur, qu’est-ce qu’on pourrait faire pour vous aider dans votre situation ? »

Et il lui a répondu : «  De la sensibilisation. Il faut que le public soit plus informé. Pour que la prochaine fois que ça arrive pour un parent dans ma situation, qu’on lui offre de l’aide plutôt que de lui tirer des roches. »

« Ça dépend toujours de quel bout ils ont vus… » m’a dit une amie.

Et aussi : « Les intervenants de la DPJ sont là pour faire leur travail. »

Alors que nous n’avions pas reçu leur appel encore. Cela m’a permis de relativiser un peu la situation.

Tout est bien qui finit…

C’est pendant l’après-midi de mon retour, soit quatre jours après les événements que mon mari a reçu l’appel de l’intervenante de la DPJ. Cette femme était pleine de bon sens et avait une bonne ouverture et de la compréhension pour notre situation familiale. Elle a pris le temps d’écouter toute l’histoire incluant les autres situations d’avant où nous avons vraiment eu peur pour les enfants. Elle avait une bonne connaissance de l’autisme et de nos défis. Elle a donc, à la suite d’une conversation de plus d’une demi-heure avec mon mari, fermé le dossier. En terminant, elle a quand même demandé la même chose que l’agent de police, ce qu’elle pouvait faire pour nous…

Sensibiliser et informer

Alors voilà. C’est ce que je fais avec mon blogue « Maman d’une Petite Yéyé » : de la sensibilisation. Oui, de la sensibilisation et de l’information. C’est en discutant avec ouverture de notre réalité, que je souhaite que les gens puissent s’ouvrir sur notre différence au lieu de nous tirer des roches à la première occasion.

Parce que notre réalité est difficile et remplie d’obstacles et d’embûches. Et qu’un regard aimable ou bienveillant peut apaiser nos moments plus difficiles ou prenants avec les enfants. Et nous réconcilier avec le village.

Parce que oui, on dit qu’il faut un village pour élever des enfants.

Mais bon, depuis ces événements, le village a plus un goût d’amertume que de réconfort. Je l’ai un peu de travers mon village.

Mais ça reviendra, parce qu’il est généralement présent mon village.

C’est tellement important d’en parler, de partager ce genre d’événement ! Alors, n’hésitez pas à partager. Ensemble, nous pouvons le faire évoluer le village.

Et vous, avez-vous déjà eu à vivre une situation avec la direction de la protection de la jeunesse dans un contexte d’enfant différent ? Comment ça s’est passé ?

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