Je suis dans ma chambre et je médite. Pensant que les enfants ne se relèveront pas, je suis tout à mon moment présent. Soudain, j’entends une petite voie m’appeler derrière les 2 portes de nos chambres respectives qui nous séparent : « Maman… »
Mon cœur fond.
Je prends quelques secondes.
Je respire.
Je savoure ce moment.
Je suis remplie des différentes émotions qui m’habitent à l’instant : nostalgie, bonheur intense, gratitude et tellement d’autres dimensions que je vais essayer de vous expliquer ici.
J’arrive auprès d’elle après un petit délai, à peine une ou deux minutes peut-être :
« Qu’est-ce qu’il y a ma chérie »
Elle me tend son gobelet de lait : « Va le mettre au frigidaire maman, il va être chaud » de sa petite voie fiévreuse et malade.
Je descends au premier, en phase avec qui je suis. Encore portée par mon émotion. Contrairement à mon habitude alors que le dérangement de mon moment de méditation m’aurait plutôt irritée.
C’est que, la maternité est arrivée tard dans ma vie.
Suite à un tournant, un changement de conjoint et un changement de vie. Mais pour résumer le tout : j’ai fait partie des 1 couple sur 6 qui vivent l’infertilité. Des années (pas loin de 8 ans) à essayer tous les mois avec les sentiments d’impuissance, de travailler pour rien. Tant de tristesse, du gouffre lors de l’arrivée des règles chaque mois. Des moments où on s’invente presque des symptômes de grossesse, le désir et l’attente étant insupportables, mais faisant partie de la vie. Une fatalité. De longs mois répartis sur des années. Et le désir de maternité insatisfait qu’on relègue bien loin, qu’on étouffe et qu’on finit même par mettre de côté.
Puis, la vie éclate et la rupture change mes plans de vie.
Une pause.
Puis un nouveau conjoint dans le décor permet de faire face à toutes les émotions refoulées pendant des années, les blessures de l’esprit. Les blessures dans l’esprit, le cœur, le corps et l’âme aussi. Le processus de guérison lent et douloureux, mais libérateur. Puis accepter d’ouvrir à nouveau la porte à ce monde de possible.
Et les deux petites lignes sur un test de grossesse.
Vous dire l’émotion, après seulement 2 mois d’essai! Impossible à décrire en si peu de lignes.
Puis la douleur de perdre un petit être de 7 semaines de gestation.
Silence. Douloureux silence.
VOUS. DIRE. L’ÉMOTION. En si peu de lignes.
Oui, une pause.
Alors, quand parfois, le mot « Maman » me remonte toutes ces émotions, mes émotions des presque 15 dernières années, j’ai le cœur qui faillit, qui jaillit. C’est le cœur rempli de gratitude que je dis merci à la vie. Malgré les embûches d’avoir un enfant différent, la montagne russe émotive et de la gestion des rendez-vous de professionnels pour l’aider, l’outiller à devenir un petit humain autonome. Avec les doutes ponctuels qui surgissent à travers les détours de la vie, plus ou moins intense, plus ou moins facile.
Dans tous les cas, lorsque j’ai envie de me plaindre d’une quelconque façon de ma vie de maman, je n’ai qu’à repenser à tout le cheminement qui m’a amené jusqu’ici.
Et je sais que je suis une « Maman ».
J’ai toujours su que j’étais une « Maman » à travers toutes les embûches humaines qui m’ont amené ici. Même si je n’y croyais plus à certains moments.
Mais je sais aussi que je suis choyée d’avoir mes enfants dans ma vie.
Oui.
Je sais.