Depuis la naissance de mon deuxième, mon regard a tant changé. Je ne croyais pas que c’était possible de vivre une telle transformation intérieure après la venue d’un enfant. À lui seul, il a bousculé tout mon univers.
J’ai l’impression que je ne suis pas la seule à qui s’est arrivé. Qu’en pensez-vous?
L’improbable inattendu
Quand mon fils est né et que j’ai appris son diagnostic, il m’a fallu du temps pour passer par-dessus les limitations et les défis qui venaient avec sa trisomie.
On dirait que je n’arrivais pas à m’imaginer toutes les aptitudes qu’il aurait et tout le beau qu’il m’apporterait. Bien sûr, quand on prévoit devenir maman, on ne prévoit pas recevoir un diagnostic de handicap. Je ne pense que rien ne peut nous préparer à ça réellement.
Je fréquente des groupes de mamans. Elles passent les tests prénataux en croyant qu’ils pourront les préparer à ce qui s’en vient. Mais non. Ce n’est pas un test qui va préparer qui que ce soit.
Je les ai faits aussi ces tests. Ils m’ont rassurée. Puis tout a pris un autre tournant à partir de la 23ème semaine de grossesse. Puis à la naissance. Encore plus à la naissance. Parce qu’avant, on se rattachait aux 449 chances sur 450 qui laissaient supposer que tout était sous contrôle.
On a été rattrapés par l’improbable et on est tombé dans le vide. Comme bien des parents tombent dans le vide au moment où ils apprennent le diagnostic de leur enfant. Rien ne prépare à ça. Rien.
Mais une fois qu’il est tombé ce diagnostic, une fois que les mots ont été prononcés, écrits noir sur blanc, il y a la résilience. Qu’est-ce qu’on en fait de ces mots une fois qu’ils sont lus?
Le beau qu’il fait rayonner
Mon fils est maintenant un grand garçon de 4 ans et demi. Il est beau. Sa peau est douce comme son sourire, comme ses yeux remplis d’étoiles.
Mon fils est drôle. Il a un sens de l’humour bien à lui. On ne comprend pas tout ce qui se passe dans sa tête, mais il réussit à décrocher des rires aux gens qui l’entourent. Il a un esprit vif pour les absurdités de la vie.
Mon coco a de la difficulté avec les couleurs et les formes. Je ne sais pas encore si c’est un problème avec le concept ou si c’est simplement parce que ça ne l’intéresse pas. Parce qu’il a cette aptitude incroyable de faire abstraction de tout ce qui ne l’intéresse pas. J’aimerais tellement avoir ce super pouvoir.
Mon fils a une empathie innée. Les autres le touchent beaucoup. Il est sensible à la souffrance et à la joie. Il ressent intensément les émotions des autres et doit aider, soutenir dès qu’il a la chance.
Mon fils vit dans le moment présent. Lorsqu’il ressent une émotion, il la vit pleinement avant de passer à autre chose. Évidemment, on peut trouver ça lourd quand on ne prend pas le temps de vivre le moment présent nous aussi, mais c’est tellement une belle façon de faire.
Graduellement, il nous amène dans son univers et nous entraine avec lui, à son rythme.
Un quotidien plus doux
À chaque jour que la vie m’apporte, je vois le beau que mon fils a à m’apprendre. Il fait de moi une meilleure personne, une personne plus à l’écoute des autres, mais aussi de moi-même. Il voit la vie tellement simplement, dans le présent, il m’incite à faire comme lui et savourer pleinement les petites choses du quotidien.
Bien sûr, j’ai parfois le regard triste, je me perds souvent dans mes pensées, mais il me ramène à l’ordre en un instant quand il sourit.
Que vous apprennent vos enfants? Comment votre regard a-t-il changé depuis que vous êtes parents?
Karine Guy, Atypiquement Parfaite
Collaboratrice de Mamanbooh
