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Il y a 5 ans, je vivais l’enfer, deuil après deuil

5 ans déjà, que je vivais l'enfer

Il y a 5 ans, je vivais l’enfer. Je me souviens, j’ai reçu un appel, celui qu’on ne veut jamais recevoir. Quelques instants après, une tempête soufflait mes pommiers, arrachait le nouveau module de jeu des enfants de façon spectaculaire, assez pour troubler n’importe quel esprit rationnel. L’enfer quoi!

Quand l’enfer des uns est celui des autres

Il y a 5 ans, mon fils n’allait pas bien, il ne dormait plus, il ne mangeait pas, il perdra même 7 livres pendant l’été. Ce jour-là, nous avons été privés d’électricité (et d’eau, vive la campagne) pendant un peu plus de 24 h. Mon fils avait à la fois peur qu’on soit inondé ou qu’on passe au feu.

Je comprenais sa détresse.

Mais j’étais moi-même au bout de mes propres ressources. Comment l’aider quand je donnais déjà tout ce que j’avais? Même ce que je n’avais pas, même ce que je n’avais plus depuis un petit moment.

Il y a 5 ans. Je suis devenue orpheline de père. Orpheline officiellement, parce que mon père, je l’avais déjà perdu depuis un bon moment. Je savais pourtant qu’il était pour mourir, il venait même de dépasser le pronostic des 18 mois reçu lorsqu’il a eu officiellement le diagnostic de sa maladie.

Il y a 5 ans, ma vie a basculé encore plus que je ne pouvais l’imaginer. Être la seule proche aidante d’un grand malade, c’est éprouvant. L’être après son décès, encore plus. Je n’ai jamais vu venir cela, même si j’étais renseignée, même si j’avais déjà commencé les démarches, etc.

Il y a 5 ans, je vivais l’enfer, je faisais vivre aussi l’enfer et j’étais entourée de personnes vivant elles aussi leurs propres douleurs.

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Il y a 5 ans, déjà?

C’est si loin et proche à la fois. Il y a tellement de choses qui se sont passées depuis.

Je m’ennuie de mon père d’avant. Avant la maladie. Celui sur qui je pouvais toujours compter, toujours présent pour aider ou m’écouter. Rieur, moqueur, joueur, un peu rigide, mais toujours protecteur et aimant.

Par contre, cette Julie d’il y a 5 ans, elle ne me manque pas du tout. Déchirée entre les besoins de mes enfants et ceux de mon père, sachant que ses jours étaient comptés, j’ai fait le choix de tout mettre de côté pour l’accompagner et lui offrir une fin de vie plus douce.

Je suis passée du mode urgence à survie, puis de survie à maintenant, que je ne sais comment nommer. Ça doit s’approcher un peu du quotidien de Monsieur et Madame tout le monde.

En général. Ça va mieux. Beaucoup mieux.

Ma propre santé est meilleure. Tant mentale que physique.

Du côté professionnel, même si je ne le voulais pas, j’ai démissionné après 23 ans d’enseignement pour la même commission scolaire. Je ne pouvais toujours pas travailler à temps plein dans les heures de classe, même si dans les faits, mes semaines étaient beaucoup plus longues que 45 h.

J’ai aussi vécu des rêves en publiant un premier livre. Puis une deuxième. Il y en a 3 nouveaux qui sont aussi sur les tablettes présentement et d’autres à venir. J’ai commencé à donner des conférences sur demande, une par ici, une par là et je suis en train de faire le tour du Québec ainsi.

Je collabore avec des marques ou des organismes que j’adore, qui rejoignent mes valeurs, mes intérêts, mes passions.

Mes enfants sont heureux, mon couple va mieux, nous demeurons toujours au même endroit.

L’enfer, c’est fini pour moi, j’ai assez donné

J’ai naïvement pensé que ma vie serait plus facile, simple et paisible après le décès de mon père, en réalisant le rêve d’être publiée et de faire la tournée des Salons du livre. Mais, il n’en est rien.

C’est une pensée magique, presqu’une utopie, je suis en train de changer ma façon de penser.

Parce que depuis 5 ans, on a vécu de nombreuses crises pour autant de raisons. Des pépins dans la maison, des changements d’école pour mes deux enfants, de nouveaux et nombreux diagnostics, des remises en question autant professionnelles que personnelles.

Mais, j’ai moins peur quand le téléphone sonne. Je suis plus calme et sereine. Je suis capable de penser à aujourd’hui, à demain et même de faire des plans, des projets pour plusieurs mois en avance.

Je ne suis plus à un appel de tout lâcher pour une urgence. Il y en a encore, mais elles sont moins grandes, moins importantes, elles impliquent moins de choses aussi.

La corrélation entre ce que nous craignons et ce qui nous arrive effectivement est très faible. Un des plus grands défis : surmonter ses craintes.
La vie nous offre d’innombrables opportunités et il nous appartient de tirer profit du plus grand nombre d’entre elles . –  Elisabeth Kübler-Ross

De plus, ce calme relatif m’a permis d’aller de l’avant pour mes propres projets professionnels et ainsi, quand une tempête se pointe, elle ne prend plus toute la place comme avant. Ce n’est pas moins difficile ou moins intense, mais il n’y a pas « QUE ÇA ».

J’ai besoin que mon monde soit heureux, bien, en sécurité. Mais j’ai aussi besoin, moi, de me sentir bien, en sécurité, mais aussi stimulée intellectuellement, d’avoir un sentiment d’appartenance, de sentir que je suis « utile », que j’apporte un petit quelque chose, que toutes ces épreuves et ces deuils, on peut en faire du « beau, du bon pis du vrai », après.

On fait quoi alors?

Et après 5 ans, je crois que je suis prête à continuer à aller de côté, que je comprends dans le plus profond de mes fibres qu’il y a aussi une place, ma place, à moi, Julie. Que j’ai le droit d’y penser, d’agir en conséquence, qu’il est temps que je lâche prise sur trop de gros morceaux qui ne m’appartiennent pas.

Et pour arriver à cette réflexion, ça prend du temps, de recul, mais aussi d’avoir un peu plus de calme au quotidien, de dormir la nuit, de ne pas passer ses journées à s’inquiéter ou être en mode « bataille » pour mes proches.

Il y a 5 ans, je vivais l’enfer. Depuis, j’ai appris à le reconnaître, le nommer, à l’apprivoiser pour l’aimer assez jusqu’à le quitter, même quand il était en train de devenir comme un ami, une valeur sure, un terrain connu rassurant.

Aujourd’hui, je suis là. Ici. Maintenant.

Plus que toujours, je réalise que je n’ai pas de pouvoir sur les événements et les aléas de la vie. Mais ça ne veut pas dire que je suis une victime pour autant. Que c’est la fin du monde. Peut-être juste la fin de ce que j’avais imaginé plus jeune. La fin du monde que je croyais connaître. La fin du monde que je vois souvent autour de moi, mais qui n’est pas le mien et qui ne le sera jamais.

Et vous, il y a 5 ans, vous étiez où?

Que faisiez-vous? Est-ce que vous retourneriez là-bas?

SVP, si vous n’allez pas bien, ne restez pas seul, demandez de l’aide et si on vous ferme une porte, cognez à une autre!

J’ai une amie qui vient de lancer un blogue sur le sujet du deuil, je vous invite à aimer sa page L’endeuillée ou encore, suivre son blogue, ici.

 

 

 

 

 

 

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