Autisme, la couleur de Mathis #30couleurs

Très tôt, en fait, déjà quand tu
étais dans mon ventre, j’ai ressenti le besoin de nous créer une bulle.  Je voulais qu’il n’y ait que toi et moi. Je
goûtais à notre relation, j’apprenais le «NOUS».  J’avais envie de créer une bulle perméable,
que rien ni personne ne pourrait même faire trembler.  Comme je me sentais bien quand je me
réfugiais dans le «NOUS».

Puis, tu es né.  C’est certain que tu as charmé tout le
monde.  J’ai dû faire des efforts
surhumains pour les laisser entrer dans notre bulle.  Crois-moi, ils ont pris rapidement leurs
aises!  Les conseils, recommandations,
trucs, tous soumis avec le plus grand respect, généralement bons, pas toujours,
mais faits avec amour, j’en suis certaine. 

Puis, tu as grandi.  Et moi, j’ai pris soin de toi, tout en continuant
de faire grandir le «NOUS».  Tu es
fantastique.  Tu m’apprends à être une
maman, tout en apprenant à être un enfant. 
J’avoue que j’ai trouvé ça beaucoup plus exigeant que je pensais, mais à
chaque fois que j’avais l’impression de ne pas y arriver, je replongeais mon
regard à travers le tien pour retrouver le Nous.   

Ensuite, sont venus les
questionnements. Toutes les mamans en ont questionnements, des inquiétudes, des
doutes.  Et si mes antennes de maman ne
me trompaient pas, car on m’a déjà dit, lorsque le médecin a coupé ton cordon
ombilical, que des antennes de maman avaient poussé sur ma tête.  Ces antennes ne trompent jamais.  Elles sont le prolongement de l’instinct
maternel et je devrais les écouter!

Il faut dire que tu as des
comportements qui font vibrer mes antennes. 
Et c’est alors que de nouveau tout le monde émet son opinion!  En
fait, ça se remet à pleuvoir : les conseils, les trucs et recommandations,
tous soumis avec le plus grand des respects, bons, en fait, pas toujours, mais
avec amour, j’en suis certaine, bon, je commence à en douter. 

Enfin, je décide de m’écouter,
de redonner de l’importance au «NOUS».  Je décide de consulter et le message de mes
antennes était bon.  Ils t’ont observé
sous toutes tes belles coutures.  Tu en
as passé du temps, de l’autre côté de la fenêtre, où tu ne pouvais pas voir mes
yeux qui te regardaient, mon cœur de maman qui tremblait.  Après plusieurs rencontres, le verdict est
arrivé.  Ce soir-là, j’avais l’impression
d’aller border un autre enfant que celui que j’avais réveillé le matin même
avec tout plein de câlins.  Mais pourtant,
tu étais le même.  Le même qui, depuis
que tu es tout petit, met son oreille sur mon cœur pour écouter son battement
et se calmer.

J’apprends chaque jour à te
connaître.  Jour après jour, tu me
surprends avec ta persévérance, ton cœur plus grand que le ciel, ta bonne
humeur contagieuse.  Nos fous rires sont
pour moi un grand voyage vers l’essentiel. 
Tu fais ta place dans un monde qui n’est pas toujours fait pour toi. Je
t’admire tellement de foncer et de briser les barrières à grands coups de
sourires.  Merci de faire de moi un «NOUS» tellement unique.

 Je t’aime mon Matoudou.