Leo, 8 ans |
Dès la naissance, tu as été un bébé calme, ne demandant que très peu. Par
contre, je me rappelle cet été 2008, me lever vers les 4 h tous les matins
parce que tu semblais avoir mal au ventre et le seul moyen de te rendormir
était de te coller contre moi dans une chaise berçante devant les Jeux Olympiques
de Pékin à regarder les plongeons. Cela ne me dérangeait pas. Ma césarienne
impromptue m’avait laissé un goût amer et j’avais promis que ce contact peau à
peau impossible n’empêcherait pas un lien d’attachement fort avec mon dernier
enfant. C’était donc avec plaisir que je te gardais tout collé.
T’aimer
plus chaque jour
attachant, il était si facile de t’aimer. Ce l’est encore… Tous les jours, je
t’aime un peu plus. Même si tu as marché tard, parlé tard, malgré mes craintes,
je me rassurais en me disant que tu n’étais qu’un peu plus lent dans ton
développement. Au final, tu parlais bien, très bien même, tout le monde te
comprenait. Tu allais dans une garderie, en milieu familial, car pour moi, même
si je devais aller travailler, il était important de recréer un climat familial
pour mon enfant. L’éducatrice, maman elle-même, m’a dit vers tes quatre ans que
tu ne chantais pas les comptines et je ne sais plus quoi. Elle m’a demandé si
elle pouvait faire venir une personne du CLSC. Pour moi, tu n’avais seulement
aucun intérêt dans les comptines.
Le choc de
l’annonce du diagnostic
entré à la maternelle à la même école que ta grande sœur : une école
alternative avec des enseignants formidables. Créer un lien avec ton
enseignante a été difficile, mais elle a su gagner ton cœur pour toujours (et
le mien). Elle m’a dit qu’elle trouvait qu’un petit quelque chose était
différent et m’a demandé l’autorisation de te faire évaluer par l’orthophoniste
et la psychologue scolaire. Ils nous ont tous rencontrés, accompagnés du
directeur, un autre homme extraordinaire. Leur hypothèse? Un trouble du spectre
de l’autisme. Je ne m’attendais pas à ça. Ce fût un choc. S’ensuivirent des
listes d’attente, des évaluations au privé parce que je ne pouvais me résoudre
à attendre. J’avais besoin de savoir. Avant même d’avoir le rapport de la
neuropsychologue, j’avais déjà tellement lu à ce sujet que je savais la
réponse.
terminé ta maternelle et tu es passé en première année. Oh là là! Ta nouvelle
enseignante, emplie de bonnes intentions, n’arrivait pas à t’évaluer. Je lui
disais que tu comprenais et apprenais, mais on pensait qu’une école plus
traditionnelle te conviendrait probablement mieux: moins de bruits, moins de
stimuli, plus d’encadrement. Nous avons visité l’école de quartier une première
fois, sans toi. Ensuite, nous te l’avons fait visiter. Tu as adoré le calme des
corridors et les casiers pour chacun, assurant ainsi que tes chaussures et tes
vêtements ne pourraient pas se retrouver quelques crochets plus loin. La
nouvelle direction de l’école où tu étais et ton enseignante ont même suggéré
qu’une classe spécialisée serait peut-être plus appropriée. Nous avons refusé
et demandé que tu reprennes ta première année dans la nouvelle école pour
faciliter la transition.
Après le
tsunami, une belle terre fertile
ta première année de nouveau et tu es maintenant à terminer ta 2e année. Tu
réussis bien, très bien même académiquement. Tu t’es fait des amis; tu es le
tombeur des petites filles. Il y a beaucoup de choses qui te dérangent dans ton
quotidien. Tu aimes suivre les règles, tu aimes terminer ton travail le plus
rapidement possible. Ça ne te dérange même pas de faire des devoirs. Depuis que
tu as appris à lire, ton vocabulaire s’est enrichi d’une façon exceptionnelle.
Nous reconnaissons bien les traits de l’autisme: tes intérêts restreints, la
difficulté à comprendre les interactions sociales et surtout leurs buts. Tu ne
comprends toujours pas qu’une personne qui t’a accroché ne l’a peut-être pas
fait intentionnellement. Nous avons, par ailleurs, appris à contrer certains de
tes irritants: les coquilles, les lunettes de soleil à ta vue, les routines
imagées, les calendriers. Il faut se prendre longtemps d’avance avant
d’apporter un changement. On veut partir en voyage? Pas de problème…. On en
parle longtemps à l’avance, on te montre des photos, on désamorce tes craintes,
une par une. Non, il n’y a pas de tsunami à Cuba, mon Leo. Et à dire vrai, le tsunami qu’a été l’annonce de ton TSA, il s’est pas
mal résorbé et a laissé la place à une belle terre fertile. J’ai confiance en
l’avenir. J’ai confiance que tu réussiras à faire ton chemin. Et je suis fière
de te voir si fier d’être autiste. Pour toi, ce n’est pas une tare, mais plutôt
un cadeau.
Et vous, quelle est votre couleur?
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